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Photo du rédacteurMarilou Cournoyer, stagiaire en environnement

À LA DÉCOUVERTE DU HÊTRE À GRANDES FEUILLES

(Fagus grandifolia)


En hiver, un peuplement de feuillus offre un spectacle quelque peu terne, les arbres nus se confondant en teintes de brun et de gris. Seules quelques feuilles mortes encore suspendues aux branches rehaussent le paysage de notes beige orange. Ces feuilles sont dites marcescentes et ne tomberont qu’à l’arrivée du printemps, au moment de l’éclosion des bourgeons. Ce phénomène de marcescence s’observe chez le chêne rouge ainsi que chez le jeune hêtre à grandes feuilles.




L’identification du hêtre à grandes feuilles en hiver


Pendant la saison froide, les jeunes hêtres à grandes feuilles se repèrent d’un seul coup d’œil avec leurs feuilles marcescentes mises en évidence. Bien qu’un peu rabougries, les feuilles ovales de ces individus, terminées par une pointe fine et bordées par une dent vis-à-vis chaque nervure, se reconnaissent encore bien.






























Figure 1. Feuille marcescente d'un jeune hêtre à grandes feuilles.


De plus, les rameaux du hêtre à grandes feuilles sont alternes, c’est-à-dire disposés l’un après l’autre, contrairement aux rameaux opposés qui sont disposés l’un en face de l’autre. Le hêtre à grandes feuilles se distingue également par ses bourgeons allongés et très pointus. Malgré la pensée populaire qui veut que les bourgeons apparaissent au printemps, les bourgeons sont bien présents tout au long de l’hiver et constituent un critère d’identification des plus pertinents. Par ailleurs, le hêtre à grandes feuilles se différencie des autres arbres par son écorce grise très lisse.




























Figure 2. Bourgeon allongé et pointu du hêtre à grandes feuilles.



La maladie corticale du hêtre


Néanmoins, le hêtre à grandes feuilles peut être affecté par la maladie corticale du hêtre. Le cas échéant, son écorce peut se couvrir de chancres (lésions) circulaires ressemblant à des verrues. Cette maladie est attribuable à l’action conjointe d’un insecte, la cochenille du hêtre, et d’un champignon pathogène, Neonectria faginata ou Neonectria ditissima. La plupart des hêtres à grandes feuilles atteints finissent par succomber à la maladie.


Figure 3. Hêtre à grandes feuilles atteint par la maladie corticale du hêtre.


La cochenille du hêtre est une espèce exclusivement composée de femelles. Ces femelles ont recours à un mode de reproduction asexué sans fécondation, la parthénogénèse. En outre, les individus matures de cette espèce sont stationnaires. Vers le milieu de l’été, les femelles matures pondent leurs œufs à l’intérieur des stries de l’écorce. Après l’éclosion, les larves, pourvues de six pattes, peuvent demeurer au même endroit ou se déplacer vers une autre fissure. Elles introduisent ensuite leur stylet dans l’écorce afin de s’alimenter. Le stylet est une pièce buccale en forme de tube qui permet d’aspirer la sève. À l’automne, les larves perdent leurs pattes et sécrètent une enveloppe laineuse qui les recouvrent graduellement. Cette cire blanche à la surface du tronc des hêtres signale la présence de la cochenille du hêtre. Les femelles immatures hivernent dans l’écorce de l’arbre et deviennent matures au printemps suivant.


En s’alimentant, la cochenille du hêtre provoque des milliers de minuscules blessures dans l’écorce. Les spores du champignon pathogène, disséminées par l’eau ou le vent, peuvent alors s’introduire à l’intérieur des blessures infligées par l’insecte suceur. À la suite de l’infection par Neonectria, des taches brunâtres apparaissent progressivement sur l’écorce, suivies de chancres d’environ 2 cm de diamètre qui peuvent fusionner si l’arbre est gravement atteint.


Avec un peu d’attention, une marche hivernale au parc du Mont-Bellevue vous fera découvrir in vivo les différentes coutures du hêtre à grandes feuilles, en passant par les feuilles marcescentes, les rameaux alternes, les bourgeons allongés et pointus, l’écorce grise et lisse ainsi que la maladie corticale du hêtre.


Références bibliographiques


- Association forestière du sud du Québec. (2022). Types de forêts. https://afsq.org/information-foret/notre-foret/types-de-forets/


- Gouvernement du Canada, Ressources naturelles Canada. (2015, 4 août). Hêtre à grandes feuilles. https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/arbres/fiche/25


- Gouvernement du Canada, Ressources naturelles Canada. (2015, 4 août). Maladie corticale du hêtre. https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/maladies/fiche/9


- Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. (2019). La maladie corticale du hêtre. https://mffp.gouv.qc.ca/forets/fimaq/insectes/fimaq-insectes-maladies-corticale-hetre.jsp


- Tabata, J., Ichiki, R. T., Tanaka, H. et Kageyama, D. (2016). Sexual versus Asexual Reproduction : Distinct Outcomes in Relative Abundance of Parthenogenetic Mealybugs following Recent Colonization. PLOS ONE, 11(6). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0156587


- Ville de Montréal. (s.d.). Hêtre à grandes feuilles. Le site officiel du Mont-Royal. https://ville.montreal.qc.ca/siteofficieldumontroyal/vegetal-indigene/hetre-a-grandes-feuilles

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