NATURE ET PREMIÈRES NATIONS : UNE SOURCE D’INSPIRATION
- Rose Bouchard
- 30 sept.
- 3 min de lecture

Aujourd’hui est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. À proprement parler, chaque jour devrait être une occasion de reconnaissance envers les Premières Nations. Toutefois, ce jour spécial est tout désigné pour cultiver l’ouverture et la réflexion, ainsi que pour souligner les bons coups des premiers peuples, afin de mieux s’en inspirer.
Parmi les plus grandes leçons de vie que l'on peut apprendre d'eux, on ne peut passer à côté de la manière dont ils perçoivent et interagissent avec la nature. En effet, nous avons presque tous déjà entendu parler du respect et de la considération avec lesquels les Autochtones traitent les animaux, les arbres et les autres formes de vie. Cependant, cela ne relève pas seulement du folklore ou de l’imaginaire collectif ; les impacts positifs sur la préservation des aires naturelles sont bien réels. À l’échelle mondiale, on estimait en 2022 que 80 % de la biodiversité mondiale se trouve sur des terres gérées par les Premières Nations. Cette statistique impressionnante prend tout son sens quand on comprend les grands principes qui régissent leur lien avec la nature.
Par exemple, le principe des sept générations, qui prend racine chez les Iroquois, enseigne que chaque décision devrait être prise en tenant compte des sept prochaines générations. Selon cette vision, le « prendre soin », ainsi que l’exploitation responsable et durable des ressources, devraient être au cœur des décisions et des actions posées par chacun. Ce qui est saisissant, c’est que cette durabilité est profondément enracinée dans les traditions autochtones. Dans une présentation TED, la militante Jupta Itoewaki a d’ailleurs bien exprimé l’aspect naturel de cette considération pour le vivant :
« Nous sommes la forêt. Nous respirons la forêt. Nous ne pouvons même pas traduire “gestion durable des forêts” dans notre langage, car c’est tout simplement notre manière de vivre. »
Puis, il y a le principe des cinq R, constituant un cadre éthique qui reflète les valeurs autochtones. Il s’agit d’un idéal vers lequel nous devrions tendre en termes d’éducation, d’environnement, de relations communautaires, ainsi que dans des contextes de collaboration avec les Premières Nations et/ou de réconciliation.
Responsabilité : se sentir responsable envers le territoire et notre Terre-Mère, prêcher par l’exemple et poser des actions concrètes pour protéger ce qui nous entoure. Bref, ce principe nous invite à déconstruire la déresponsabilisation collective et la culture du « ce n’est pas ma faute », en rappelant que chacun peut avoir un impact positif s’il le souhaite sincèrement.
Respect : faire preuve de respect envers les êtres humains, mais aussi envers toute forme de vie. Cela correspond à une vision plus lucide et holistique de notre monde, une philosophie moins anthropocentrique où l’égalité est un concept qui peut briller au-delà de l’espèce humaine.
Relation : considérer le lien qui nous unit à la nature comme une véritable relation qu’il faut chérir et nourrir. Cela implique aussi de comprendre et de reconnaître que l’être humain fait partie d’un vaste réseau incluant les plantes, les animaux, les ancêtres, etc. C’est un rappel que tout est interconnecté et que chaque maillon de la chaîne dépend des autres pour fonctionner. En d’autres mots, le bien-être individuel passe nécessairement par le bien-être collectif.
Réciprocité : reconnaître tout ce que la nature fait pour nous et avoir envie de lui rendre la pareille, de redonner ce qu’on lui prend. Replanter ce que l’on cueille, consommer avec modération, utiliser chaque animal abattu à son plein potentiel, etc. Cela peut aussi inclure des cérémonies, des offrandes ou d’autres gestes de gratitude.
Réconciliation : dans un contexte contemporain, cela peut renvoyer à la guérison des relations entre les peuples autochtones et non autochtones, mais aussi entre les humains et la Terre. C’est en soi une invitation à réfléchir à nos actions, à reconnaître les savoirs ancestraux et à apprendre des erreurs du passé.
Le saviez-vous ?
Avant que le parc du Mont-Bellevue soit un boisé naturel détenu par l’Université de Sherbrooke et la Ville de Sherbrooke, de nombreux agriculteurs et éleveurs possédaient des lots qui font maintenant partie du parc et sont recouverts de forêt. Toutefois, ces fermiers n’étaient pas les premiers à avoir habité le territoire. En effet, c’est la nation abénaquise qui a d’abord occupé ces terres et y a trouvé refuge.